Regards croisés

Chloé Ducray, harpe et Mathieu Franot, clarinette basse

En faisant dialoguer Liszt et Fauré, ou Debussy et Schumann, Chloé Ducray et Mathieu Franot montrent que la harpe, instrument d’une certaine transparence française, se marie volontiers à la clarinette basse, qui exprime toute la profondeur des musiques populaires d’Allemagne et d’Europe centrale.

Il y a des duos qui vont de soi : le duo qui réunit la flûte et la harpe, par exemple, inspira bien des compositeurs dont Mozart, qui écrivit un célèbre concerto pour ces deux instruments. D’autres duos sont plus imprévus : faire jouer ensemble une harpe et une clarinette basse, ainsi, a quelque chose d’un stimulant défi. Qu’ont relevé Chloé Ducray et Mathieu Franot, qui font sonner ensemble leurs deux instruments à l’occasion de ce concert intitulé « Regards croisés ». Décrit comme un pont jeté au-dessus du Rhin, ce programme fait se rencontrer la musique allemande et la musique française à une époque, la fin du XIXe siècle, qui se situe entre deux conflits : la guerre franco-prussienne de 1870 et la Première Guerre mondiale.

Il ne s’agit pas ici, évidemment, d’incarner schématiquement chacun des deux pays par l’un des deux instruments, mais de confronter deux sensibilités, deux manières de chanter et de s’écouter. Car Debussy et Wagner n’étaient pas en guerre, ni Schumann et Saint-Saëns ! Au contraire, l’amour et la nature, thèmes éternels, ont toujours inspiré les musiciens des deux côtés du Rhin ; et si la musique française à cette époque est avant tout parisienne, alors que l’Allemagne et l’Europe centrale puisent davantage dans le fonds populaire, ces deux répertoires dialoguent volontiers entre eux car ils ont l’Europe en partage.

ÉGLISE SAINT-ANDREW - 6 bis avenue Thiers - 60200 Compiègne